
513 pages, éditions Folio classique
Ma maîtresse est de première force à l'épée et en remontrerait au prévôt de salles le plus expérimenté ; elle a eu je ne sais combien de duels, et tué ou blessé trois ou quatre personnes... : - singulières qualités pour une maîtresse ! il n'y a qu'à moi que ces choses-là arrivent.
"Une tromperie agréable ne vaut-elle pas mieux qu'une vérité affligeante ?"
D'Albert recherche éperdument la femme idéale, celle qui saura le satisfaire au mieux. Par le fruit du hasard, il va rencontrer Théodore, un jeune homme très séduisant, qui entre en tous points dans les critères esthétiques qu'il affectionne. Malheureusement pour lui, Théodore n'est pas une femme... ou peut-être bien que si. Car derrière ce visage de jeune homme, se cache Madeleine, une jolie jeune femme, qui a décidé de se glisser dans les costumes d'un homme, pour mieux les connaître avant d'en épouser un.
En interrogeant les frontières du genre, Théophile Gautier invoque les normes morales de son temps, à savoir un monde hiérarchisé, dans lequel les femmes, privées de liberté et cantonnées à des tâches subalternes, sont à la merci des hommes, détenteurs de tous les pouvoirs. Une conception genrée clivée, qui malheureusement est encore bien présent dans notre société actuelle.
Néanmoins, dans ce roman Théodore/Madeleine participe à la transgression de ces frontières genrées prédéfinies. En se déguisant en homme, elle floute les limites qui existent entre les deux sexes. Dès son époque, Théophile Gautier invoque un sujet qui fera débat au XIXème siècle, et encore aujourd'hui : la question de l'androgynie. Plus que jamais au coeur de notre actualité, ce phénomène d'androgynie qui relie les deux sexes dans un même corps, amène des débats : confusion des deux sexes ou fusion harmonieuse ? Les avis sont partagés.
Il n'en est pas moins vrai que cette oeuvre ne sera que les prémices de l'ouverture d'une voie dédiée à la question du genre. Un joli roman épistolaire, dans lequel la moralité est fustigée au profit d'une vision des genres plus moderniste. J'ai beaucoup apprécié ce récit.
BO-o-M, Posté le mardi 13 décembre 2016 03:04
Il m'a l'air pas mal comme classique, en tout cas je ne connaissais pas donc j'en prends note :D