
213 pages, éditions Pocket
C'est que l'on n'a pas encore entendu Levi analyser la nature complexe de l'état du malheur. Peu l'ont prouvé aussi bien que Levi, qui a l'air de nous retenir par les basques au bord du menaçant oubli : si la littérature n'est pas écrite pour rappeler les morts aux vivants, elle n'est que futilité." - Angelo Rinaldi
Bien au chaud dans vos maisons,
Vous qui trouvez le soir en rentrant
La table mise et des visages amis,
Considérez si c'est un homme
Que celui qui peine dans la boue,
Qui ne connaît pas de repos,
Qui se bat pour un quignon de pain,
Qui meurt pour un oui ou pour un non.
Considérez si c'est une femme
Que celle qui a perdu son nom et ses cheveux
Et jusqu'à la force de se souvenir,
Les yeux vides et le sein froid
Comme une grenouille en hiver.
N'oubliez pas que cela fut,
Non, ne l'oubliez pas :
Gravez ces mots dans votre coeur.
Pensez-y chez vous, dans la rue,
En vous couchant, en vous levant ;
Répétez-les à vos enfants.
Ou que votre maison s'écroule,
Que la maladie vous accable,
Que vos enfants se détournent de vous."
"C'est cela, l'enfer. Aujourd'hui, dans le monde actuel, l'enfer, ce doit être cela : une grande salle vide, et nous qui n'en pouvons plus d'être debout, et il y a un robinet qui goutte avec de l'eau qu'on ne peut pas boire, et nous qui attendons quelque chose qui ne peut être que terrible, et il ne se passe rien, il continue à ne rien se passer. "
C'est avec une grande objectivité que Primo Levi pose des mots sur des événements marquants. Ce juif italien, déporté avec des milliers d'autres vers les camps Allemands, raconte les horreurs vues et vécues, les ignominies faites par les nazis, les conditions de vie lamentables et les morts regrettables. A travers les souvenirs de l'auteur, on suit la vie menée par les détenus. Ils vivent dans des conditions déplorables, dorment à plusieurs dans des lits étroits et durs. Ils doivent travailler jusqu'à l'épuisement et n'ont qu'une infime part de ration alimentaire. Les plus forts physiquement et mentalement et les plus téméraires arrivent à s'en sortir, grâce au vol de matériels, qu'ils échangent ensuite contre des mets alimentaires. Mais les plus faibles ou les moins courageux partent dans les chambres à gaz.
Bien des années avant, Jean-Paul Sartre écrivait "L'enfer, c'est les autres", quelques petits mots qui prennent sens avec ce livre. Les prisonniers doivent résister et survivre tandis que d'autres veulent les anéantir coûte que coûte.
Primo Levi réussit à rester vivant jusqu'à la libération des camps. Malheureusement, après avoir vécu de telles horreurs, il est dur de reprendre le cours d'une vie normale. C'est sans doute à cause de ce poids du passé trop intense qu'il se suicidera quelques années plus tard.
Un roman documentaire déjà largement étudié dans les collèges et lycées, pour faire connaître les atrocités perpétrés par les nazis et pour se souvenir des martyrs de cette époque. Si c'est un homme est un témoignage profond et poignant qui nous enseigne de nombreuses choses sur la nature humaine. A lire au moins une fois !
BO-o-M, Posté le mardi 30 août 2016 04:39
Il est dans ma PAL et tu me donnes envie de l'en sortir !