
222 pages, éditions Le Livre de Poche, à 5,20¤
Bref, quand tous les dix - du juge au play-boy, sans oublier la secrétaire - reçoivent cette invitation à passer des vacances sur l'île, aucun d'eux n'hésite à accourir...
Mais là-bas, dans la somptueuse demeure, personne... sauf, bien entendu, cette voix, sur un disque, qui accuse tour à tour chacun des participants...
C'est la panique.
Alors, au rythme des couplets de la ronde des Dix Petits Nègres, le nombre des invités commence à diminuer. Inexorablement...
L'un d'eux but à s'en étrangler
- n'en resta plus que neuf.
Neuf petits nègres se couchèrent à minuit,
L'un d'eux à jamais s'endormit
- n'en resta plus que huit
Huit petits nègres dans le Devon étaient allés,
L'un d'eux voulut y demeurer
- n'en resta plus que sept.
Sept petits nègres fendirent du petit bois,
En deux l'un se coupa ma foi
- n'en resta plus que six.
Six petits nègres rêvassaient au rucher,
Une abeille l'un deux à piqué
- n'en resta plus que cinq.
Cinq petits nègres étaient avocats à la cour,
L'un d'eux finit en haute cour
- n'en resta plus que quatre.
Quatre petits nègres se baignèrent au matin,
Poisson d'avril goba l'un
- n'en resta plus que trois.
Trois petits nègres s'en allèrent au zoo,
Un ours de l'un fit la peau
- n'en resta plus que deux.
Deux petits nègres se dorèrent au soleil,
L'un d'eux devint vermeil
- n'en resta plus qu'un.
Un petit nègre se retrouva tout esseulé,
Se pendre il s'en est allé
- n'en resta plus... du tout."
"Une île, ça avait quelque chose de magique ; le mot seul frappait l'imagination. On perdait contact avec son univers quotidien - une île, c'était un monde en soi."
Même si ma critique ne sera qu'un grain de poussière dans l'amas impressionnant de critique que regorge ce titre, tant pis. Je veux avant tout partager mon enthousiasme pour insinuer l'envie aux très rares lecteurs qui n'ont pas lus Dix petits nègres de découvrir ce titre.
Dix personnes, d'horizons totalement différents - un ex-flix, un juge retraité, deux domestiques, etc. -, qui ne se sont jamais vus, se retrouvent mystérieusement mandatés à passer quelques jours sur l'île du Nègre. Une île étrange, qui stimule l'imaginaire. Sur cette île, se trouve dix petites statuettes, ainsi qu'une comptine, bien visible sur les murs. Une comptine mortuaire qui va vite se révéler réelle. Les dix invités sont tués l'un après l'autre, en suivant le déroulé de la comptine. A chaque nouvelle mort, une statuette disparaît. A défaut de pouvoir regagner la côte, le coupable ne peut que se cacher sur l'île...
Il y avait longtemps qu'un livre ne m'avait pas tenu éveillée, la respiration coupée, jusqu'au bout de la nuit. Impossible de lâcher l'intrigue.
L'atmosphère est étouffante, le lieu est sordide, sombre, sauvage et reculé. Et la psychose parmi les dix invités (ou ce qu'il en reste) s'installe. Qui est le coupable ? Quel est son motif ? La psychose s'installe aussi chez le lecteur, qui se sent dupé et se méfie de chacun des personnages. De ce fait, nous ne pouvons pas nous attacher à aucun d'eux, car tous sont suspects. On se questionne, on observe, on essaie de déchiffrer et de comprendre... en vain ! Je suis totalement bluffée par l'écriture de l'auteure, par le suspense qu'elle incorpore à son récit et la tension qui prend le lecteur aux tripes.
Dix petits nègres est un chef-d'oeuvre de la littérature policière, qualifié même de classique par certains. Un polar qu'il faut lire et faire découvrir à son entourage, tant tous les ingrédients que nous espérons tous trouver dans ce genre de livres s'y trouvent. Suspense, frisson, meurtres, tension... tout est réuni pour passer un excellent moment de lecture.
Mille-et-deux-livres, Posté le samedi 23 juillet 2016 19:22
Je le lis cet été, mon premier Agatha Christie : j'ai hâte ! :D