
127 pages, éditions Des lettres Le Robert, collection Mots intimes, à 9,90¤
De Charles Baudelaire à Gérard Depardieu, en passant par Paul Éluard, Le Corbusier ou encore Marie Trintignant... Découvrez les plus belles lettres de relations maternelles et filiales de personnages célèbres et anonymes.
Didier Lett est agrégé d'Histoire et Professeur d'Histoire médiévale à l'Université Paris-Diderot (Paris VII). Il est spécialiste internationalement reconnu de l'histoire de l'enfance, de la famille, de la parenté et du genre.
"Pauvre petite maman si bonne que j'ai tant fait pleurer." Paul Eluard
Ce recueil est construit de manière chronologique : la première lettre de Dhuoda - personne tout à fait inconnu à ma connaissance - date de l'an IX. La dernière est écrite par Reyhaneh Jabbari - encore une parfaite inconnue - mais à été rédigée en avril 2014. On a donc une progression chronologique bien organisée, qui évolue dans le temps et nous permet un tour d'horizons des modes de vie de chacun et des relations maternelles.
Dans la préface entièrement écrite par Didier Lett, il nous explique que la majorité des correspondances sont constituées de lettres d'hommes, car "les lettres masculines et d'adultes sont toujours jugées plus dignes d'intérêt et donc mieux conservées que celles des enfants et des femmes." Néanmoins, certaines lettres de femmes célèbres comme Lélopoldine Hugo ou Madame de Sévigné ont été gardées.
Ce qu'il faut savoir - et qui est très bien expliqué dans les pages de présentations qui précèdent les lettres - c'est qu'aucune correspondance choisie par Didier Lett n'est anodine. Toutes les lettres racontent des histoires, très intimes, qui montrent au lecteur l'étendu de l'amour entre l'enfant et sa mère. Alors que certains enfants sont plus dans la retenue et la pudeur (comme Gérard Depardieu, fidèle à lui-même, qui montre son amour maternel à travers un humour constant), d'autres sont très expressifs et ne craignent pas de dévoiler leurs sentiments ouvertement (c'est le cas pour Antoine de Saint-Exupéry qui ouvre son coeur dans ses lettres et montre sa vulnérabilité presque infantine lorsqu'il est éloigné de sa mère).
Outre l'amour débordant qui transparaît dans toutes les missives, c'est aussi l'histoire quotidienne des personnages qui émeut le lecteur. Gaston Biron, par exemple, décrit à sa mère les journées horribles qu'il endure à la guerre. Sentant venir la mort, il confie ses craintes et réecrit tout l'amour qu'il ressent envers sa mère. Guy Môquet, jeune communiste et syndicaliste de 19 ans seulement, il est arrêté par les Allemands et fusillé. Quelques heures avant sa mort, il écrit une dernière lettre d'adieu bouleversants à sa famille.
L'amour maternel est ici explicité et montré sous toutes ses formes. Dans des lettres intimes rédigées par des personnages célèbres à leur maman, ils se livrent et mettent à nu leurs doutes, leur vulnérabilité, leur reconnaissance ou encore leurs reproches vis-à-vis d'elle. Un recueil qui touche, constitué d'histoires passionnantes autant qu'attristantes. Des témoignages débordants d'amour, très éclectiques, avec comme seul point commun : l'amour filial qu'ils vouent à leur mère.
splendide-Books, Posté le mardi 03 novembre 2015 07:39
Ce n'est pas mon genre ^^