
Ce vrai roman, ce roman d'aventures, est aussi un merveilleux conte philosophique à la Voltaire. Il y est d' ailleurs beaucoup question d'essences...
"Car l'odeur était s½ur de la respiration. Elle pénétrait dans les hommes en même temps que celle-ci ; ils ne pouvaient se défendre d'elle, s'ils voulaient vivre. Et l'odeur pénétrait en eux jusqu'à leur c½ur et elle y décidait catégoriquement de l'inclinaison et du mépris, du dégoût, de l'amour et de la haine. Qui maîtriserait les odeurs maîtrisait le c½ur des hommes."
"Jusque-là, il avait toujours cru que c'était le monde en général qui le contraignait à se recroqueviller. Mais ce n'était pas le monde, c'étaient les hommes. Avec le monde, apparemment, le monde déserté par les hommes, on pouvait vivre."
Plébiscité par la critique, par les lecteurs, mêmes contemporains, Le parfum intrigue par son titre vague, sa couverture érotique et son résumé pétrifiant. Un mélange des genres qui détonent aux premiers abords. Mais ne vous fiez pas à la complexité du mixte, ou au banal résumé présenté ; Patrick Süskind, doté d'une imagination et d'une créativité sans borne vous réserve bien des surprises plus surprenantes les unes ques les autres.
Un héros aux dimensions originales, parculièrement mystérieux. Ce personnage peut faire rire autant qu'attrister, il peut effrayer autant qu'attirer. Inssaisissable, une ombre continuelle le poursuit, qui donne une sensation d'impossible compréhension du personnage. Le peu de dialogue renvoie à un homme primitif, sauvage, coupé du monde, aux bords de la société, avec l'impossibilité de communiquer.
L'action va en s'aggrandissant, en suivant l'évolution du protagoniste Jean-Baptiste Grenouille. De sa naissance à sa mort, le lecteur se verra plongé dans la vie sulfureuse, détonante et emplie de parfums, senteurs ou odeurs pestilentielles qui suivent le héros tout au long de sa vie.
Ce livre respire, sent, émane et s'empare des odeurs qu'il cotoie. Tout n'est que parfums, substances, mélanges hétéroclites, puanteurs irrespirables, paradis olfactif... tout se croise, s'entortille. Au-delà des odeurs singulières, l'auteur nous met en abyme les éléments clefs de la vie terrestre d'un humain, en suivant la progression des odeurs. De l'étal puant de poisson pù naît le nourrison au souffle clair qui émane de la montagne lors de l'enfance, à l'extase de la vie adolescente avec l'attrait des jeunes filles, pour finir sur l'odeur étriqué et vieillot de la fin d'une vie... Patrick Süskind ressuscite les odeurs en les assimilant à l'avancement de son protagoniste. Un bel enseignement didactique, tout en finesse, poésie et sensualité, original dans son aspect olfactif, rempli d'imagination.
Pour rajouter une part d'action qui soit attrayante pour un large public, l'auteur y appose une série de meurtres mystérieux pour les personnages internes au roman, mais parfaitement perceptible par le lecteur - bien que peu compréhensible immédiatement. Il faudra attendre le dénouement du livre pour trouver réponse à toutes nos questions.
Le dénouement, très connu dans le milieu littéraire, est exceptionnel, inattendu, et renforce la force de créativité de ce maître Allemand. Une plume toute en volupté, en senteurs, légère et aérienne, qui se laisse lire et entraîne le lecteur dans le torrent de péripéties qui surviennent. On ne peut pas s'ennuyer, tout s'enchaîne, la vie de Grenouille bascule d'un chapitre à l'autre, aucune stagnation, rien de barbant.
Pour ceux qui ne l'auraient pas déjà fait, je vous conseille vivement de lire ce livre. Très facilement compréhensible, c'est un régal à découvrir, qui tranche avec tous les livres écrit jusqu'à maintenant. Un sujet qui sort de l'ordinaire, un héros ambigu, une histoire attrayante, qui envoûte autant qu'elle choque. Un flot d'émotions aussi intenses que la senteur parfumée qui s'échappe des pages.
x-Ipso-Facto, Posté le dimanche 10 mai 2015 16:23
J'avais commencé cette lecture, mais je l'ai abandonnée car au bout de quelques chapitres, j'en ai vu le film =/ je n'étais du coup, plus motivée !