
"La lune, on ne la voit plus pareil depuis que Neil Armstrong a marché dessus."
Tout, absolument tout ce livre est une bien belle énigme. En partant du titre, en passant par les intrigues, les personnages, le décor, le paysage... l'ensemble de ce roman est totalement fascinant, à la limite de l'ambiguïté et de l'imaginaire, mais plongé entièrement dans la vraie réalité. Claudie Gallay effectue un formidable travail de réalisme concernant ses personnages, qui sont à la fois proches et identiques au lecteur, mais qui gardent un aura de mystère autour de leur personne. Une autre spécificité qui leur est attribuée, est certainement les multiples caractères qui les animent. Leurs points communs sont rares, pour ne pas dire inexistant ; leur unique lien constitue l'attache qu'ils entretiennent envers le massif de la Vanoise. Qu'il est dur de plonger dans les tréfonds de leurs âmes, dans les abîmes de leurs personnalités tant il semblent lointains, inaccessibles, voire en deçà de la société.
Car Claudie Gallay ne s'est pas contentée de créer un fabuleux décor hivernal que jalonnent sapins de Noël et bâtiments gris de scieries, elle façonne avec aisance une société totalement en désaccord avec notre monde moderne du XXIème siècle. L'ambiance renfermée d'une vie aux périphéries de la civilisation urbaine ne laissent entrouvert qu'une fine brèche pour que le lecteur ait la possibilité de se glisser explorer ces lieux si fabuleux.
Des lieux chargés d'intenses sentiments, tantôt gais, tantôt éprouvants, que survole un climat oppressant empli d'intime sensibilité. Un très bon cocktail hétérogène regroupant de nombreux passages disparates pour une plus complète accessibilité.
Le fait le plus étrange, mais non moins dérangeant, est sûrement l'incessante répétition des tâches quotidiennes par la protagoniste. Si ces scènes auraient facilement pu passer pour ennuyantes, elles finissent par en devenir banales, voire même vitales pour la continuité de notre lecture. Il faut un incroyable talent et une forte maniabilité d'écriture pour arriver à produire un tel roman.
Durant toute la durée de ma lecture, je ne me suis pas posé l'essentielle question qui revient à chacune de mes lectures : quel est le but de ce livre, l'intrigue, le ou les messages que l'auteure souhaite faire passer ? C'est seulement à la finitude d'Une part de ciel que l'incroyable évidence m'est sautée aux yeux : aucun socle permanent ne régis le roman. Tout n'est que fragments d'instants, furtifs moments sans grande importance, mais addictifs à souhaits. On avance à l'aveugle, dicté par les jours qui passent, se ressemblent en profondeur, mais diffèrent totalement superficiellement. La dernière page marque la fin d'un tout, une boucle fermée et condamnée, qu'on aurait souhaité laissé ouverte encore quelques temps.
Toute-la-lecture-de-Sev, Posté le dimanche 08 décembre 2013 07:12
ça ne me tente pas